LA JAVA DU COIFFEUR

Paroles et Musique : JOFROI
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monsieur menu n’aimait pas fort
la barbe ni le port
des ch’veux sur les oreilles
il portait des pantalons jaunes
et un chapeau de paille
madame menu portait en général
du rose et du groseille
et arborait une queue de cheval
depuis leurs fiançailles
monsieur menu était coiffeur
et parfois à ses heures
haut psychologue
et madame menu quant à elle
vendait des jarretelles
sur catalogue
oh la trouvaille oh la trouvaille
ils n’ont pourtant pas fait d’études
et tous les deux travaillent

monsieur menu n’vous trompez pas
était coiffeur mais pas
pour autant pédéraste
il était connu comme un homme
jovial et enthousiaste
il coiffait aussi bien les échevins
les chômeurs les notaires
et du jour où l’soin des moutons devint
son métier secondaire
chaque soir y s’mit au travail
qu’ils soit temps qu’on les taille
ou bien qu’on les égorge
pendant qu’ madame menu vendait
de porte en porte ses
soutiens-gorge
oh l’injustice oh l’injustice
ils n’ont pourtant pas fait d’études
et voilà qu’ils s’enrichissent

mais voici qu’à force d’entendre
les discours peu tendres
de sa clientèle
sur l’argent le chômage et sur
la crise universelle
dans son cerveau pas plus gros qu’un petit pois
germa tout un programme
"des marginaux y’en a de trop je crois
suffit qu’on les affame”
aussitôt y’ s’mit au boulot
des lettres au populo
comme aux aristocrates
c’est surtout par économie
qu’madame menu se mit
à les porter en hâte
oh le délire oh le délire

ils n’ont pourtant pas fait d’études
et voilà qu’on va les élirecar c’est bien connu en effet
que plus on est mauvais
plus on charme la foule
et dès qu’on brandit le bâton
ils sont là ils roucoulent
c’est ainsi qu’son programme fut choisi
c’était pas un mystère
mais ô surprise ce fut sa femme pas lui
qui eut le ministère
il faut dire que depuis des jours
elle battait le tambour
de porte en porte
elle récoltait la moisson
de ses maux pour que son
mari l’emporte
à la lanterne à la lanterne
ils n’ont pas fait d’études

et pourtant c’est eux qui nous gouvernent
et dès ce jour madame menu
se vit porter aux nues
comme une impératrice
en tant que ministre du budget
des arts et de la justice
mais même plus durs que les plus durs rochers
hélas quoi qu’ils y fassent
comme chacun sait ils ont beau s’accrocher
les gouvernements passent
et des troiss mois de son mandat
au fond il ne resta
qu’la nouvelle routine
de monsieur menu devenu
à vie raseur de nuques
au pied d’ la guillotine